JACQUES BAGE
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SELECTED WORK
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JACQUES BAGE
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ANGELO VULLO
SELECTED WORK
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Cette peinture s’est développée un temps selon divers motifs décoratifs. Mais elle ne s’y limita nullement. Comme pour bon nombre d’artistes de la modernité (depuis Matisse jusqu’à Wim Delvoye, en passant par Christopher Wool) l’usage des arts décoratifs d’Orient ou d’Occident est ici le moyen d’accéder à une force de l’art que les images ne procurent pas, ou rarement.
Ensuite, Angelo intensifia son décorum pictural en termes de réseau. Ce dernier étant à vrai dire aujourd’hui, l’incarnation la plus vive des trames anciennes de la mosaïque et de la tapisserie. Grande maturité de cette peinture et correspondance même dans la recherche et la durée avec les technologies de notre temps. Les réseaux d’Angelo Vullo m’apparaissent comme les textiles minéraux d’un vaste entrelacs pixellisé. Quelque chose d’ancestral et de nouveau, comme si Seurat, Klee, Byzance, Mondrian, Bonnard et quelques autres pouvaient ici être relus.
Le décoratif, en effet, est une voie royale de l’abstraction. On y géométrise le sensible sans pour autant le soustraire au plaisir d’un chacun. Les Primitifs le savaient, y encourageant une écriture visuelle collective. En quelque sorte, Angelo Vullo expérimenta là sa peinture comme une sorte de milieu. Le spectateur ne la regardait pas à distance mais selon une sorte de corps-à-corps avec une couleur florale.
Pierre Sterckx, 2013
CE QUELQUE CHOSE A VOIR.
Première rencontre avec une œuvre, avec une artiste. La temporalité domine, celle qu’offrent l’œuvre et l’artiste. Soo Kyoung Lee a choisi de présenter des œuvres récentes, de dévoiler l’ici et maintenant, d’incarner à la fois l’expérimentatrice et celle qui découvre l’expérimentation. Mais remontons le temps, avant l’exposition et ses révélations. Dans ses peintures, tout commence avec une surface monochrome qui est conçue pour recevoir différents éléments, autant d'organes qui donnent son existence à l'œuvre.
« Ils ont regardé Matisse » était le postulat d’une exposition organisée en 2009 au Musée Matisse au Cateau-Cambrésis. Elle présentait notamment le travail de Barnett Newman, qui intéresse tant Soo Kyoung Lee. Cette dernière perçoit alors pleinement la force décorative – au sens positif du terme – de Matisse et accepte dans le même temps sa propre ambivalence picturale, ses « natures mortes innommables[1]. » Toutefois, à la composition qui pourrait se contenter d’être simplement séduisante, Soo Kyoung Lee ajoute un élément perturbateur.
Or, depuis peu, cet élément trouble l’ordre déterminé par l’artiste jusque là, à savoir l’organisation d’un espace pictural strictement défini par le cadre du tableau. Ces éléments ajoutés se libèrent, sont coupés, sortent du tableau, et donnent un nouveau rythme à l’ensemble. Les réalités du tableau se démultiplient. Les éléments jouent un rôle différent selon le format de l’œuvre. Dans les grands formats, ils flottent dans le monochrome. Dès que le format s’amoindrit, les enchevêtrements s’imposent par leur présence. Le récent triptyque renvoie à un autre espace qu’elle ne cesse de couper et de manipuler. Se pose de cette façon la question de l’autonomie de chacun des panneaux. Ce tableau renvoie également aux œuvres du Trecento et du Quattrocento, dont plusieurs reproductions accompagnent l’artiste dans son atelier.
La question de la transparence qui s’imposait déjà dans son œuvre s’ouvre de nouveau. Une question, des questions, dans quelle direction aller?
Après toute période intense, l’arrêt nécessaire et la reprise de la peinture par l’intermédiaire de petits formats, rares chez l’artiste. « La peinture pour les nuls », comme elle les désigne facétieusement, afin d’insister sur ce moment intermédiaire où l’on doute de tout, y compris de sa propre capacité à peindre. Il s’agit plutôt une peinture d'expérimentation où tout est permis, rien n'est arrêté, et qui fonctionne comme un tout. Ces petits formats, ces « laboratoires », sont comme autant de pages d'un carnet de réflexion. Et le dessin dans tout ça ? Les formes se déploient sur la surface blanche de la feuille, offrant de nouvelles réflexions, « le papier me donne ces sensations de familiarité, d’affection ». Basculements progressifs du monochrome au brossé, éléments qui troublent et animent les toiles, enchevêtrements, superpositions, rythmes qui s’inversent selon les formats et techniques employés, constituent les strates de ce quelque chose que l’on doit prendre le temps de voir.
Fanny Drugeon, avril 2015
[1] Toutes les citations sont issues d’un entretien de l’auteure avec Soo Kyoung Lee, le 18 avril 2015.